Alexandre Malarewicz
Co-fondateur
https://empowill.com/blog/7-actions-concretes-pour-faire-face-au-desengagement-des-collaborateurs
Imaginez une équipe soudée, où l'enthousiasme et la collaboration sont palpables. Puis, au fil du temps, une ombre discrète s'invite : le désengagement. Ce phénomène, loin d'être une simple fluctuation passagère, érode lentement la productivité, la cohésion et même l’innovation au sein des équipes.
C'est un peu comme un moteur qui tourne à vide : il semble fonctionner, mais il n’avance plus vraiment. À l'ère des organisations agiles et du télétravail, ce désengagement est d'autant plus sournois qu'il se cache souvent derrière des aspects négligés de l’expérience collaborateur, bien au-delà des simples processus d’onboarding ou de formation.
Dans cet article, nous plongeons au cœur de ce phénomène complexe, en analysant ses racines et ses impacts multiples, tels que la démotivation, le turnover prématuré ou encore une atmosphère de travail dégradée. Nous explorerons également des cas concrets qui mettent en lumière les leviers à actionner pour redonner du sens, favoriser la reconnaissance et renforcer le lien entre l’individu et son environnement professionnel.
L’objectif ? Fournir aux équipes RH, aux managers et aux dirigeants des solutions tangibles pour inverser la tendance et insuffler de nouveau de l'énergie et de la performance à leurs équipes.
Dans le cadre de la Talent Experience Masterclass, notre événement annuel dédié à l’expérience collaborateur, nous avons eu la chance de recevoir trois experts du désengagement pour explorer ce sujet : Céline Mas, Praticienne en Sciences Cognitives, Yann Boisseau, Cofondateur de Teelt, et Marie Augereau, Fondatrice de Good Coaching. Voici dans cet article tout ce qu’il faut retenir de leurs conseils.
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Le désengagement des collaborateurs n’est pas un éclair de déception qui frappe soudainement. Bien souvent, il s’insinue lentement dans l’entreprise.
Au début, c’est presque imperceptible : un collègue un peu moins souriant, des retards qui s’accumulent sur les livrables, une attention qui se disperse. Puis, peu à peu, le lien avec l’entreprise se distend. Mais comment repérer ces premiers signes avant qu'ils ne deviennent un problème majeur ?
Comme le soulignent plusieurs experts, il est essentiel de distinguer la simple fatigue passagère, que tout le monde traverse à un moment ou un autre, d’un désengagement plus profond, qui s’installe de manière insidieuse.
L’un des signes clés est le sentiment de ne plus se sentir unique ou utile dans son rôle.
« On passe 80 % de notre temps de vie active à travailler. Si ce temps ne nous nourrit pas, si nous ne nous y sentons pas uniques et utiles, alors le désengagement guette. » – Marie Augereau
Lorsque les collaborateurs ne parviennent plus à percevoir la valeur de leur travail ou à ressentir l’impact réel de leurs actions, le lien avec l’entreprise commence à se fragiliser.
Il ne s'agit pas seulement de réaliser des tâches répétitives, mais de trouver du sens et de la satisfaction dans ce que l’on fait. Les nouvelles générations, en particulier, recherchent un pacte plus profond avec leur employeur : un contrat fondé non seulement sur des conditions de travail, mais aussi sur des valeurs partagées, un impact concret et un environnement de travail stimulant.
« Finalement, l’entreprise, c’est une petite vie dans la grande vie. On y construit des relations, des souvenirs, et quand l’engagement n’est plus là, c’est souvent un manque de lien, de sens ou d’évolution. » – Yann Boisseau
Il est donc crucial, en tant que RH ou DRH, d'identifier ces premiers signaux de désengagement bien avant qu'ils n’affectent la productivité, la cohésion d'équipe ou même la rétention des talents.
Cela nécessite une vigilance constante et une écoute attentive, mais aussi la capacité de repérer les petites fissures avant qu’elles ne se transforment en failles béantes. Pour mieux comprendre cette dynamique, explorons ensemble les principales situations qui mènent au désengagement et voyons comment les prévenir.
Saviez-vous que 22 % des nouveaux embauchés quittent leur entreprise dans les 45 premiers jours ?
Un chiffre qui fait froid dans le dos et met en lumière un problème sous-jacent souvent négligé : l’onboarding.
Ce phénomène n’a rien d’anodin. Il traduit un manque de préparation et un décalage entre les promesses faites lors du recrutement et la réalité vécue dès les premiers jours en entreprise.
Trop souvent, les entreprises mettent l’accent sur l’attractivité du poste, le processus de recrutement et l’offre d’embauche, mais négligent de construire une expérience d’accueil cohérente et engageante. Résultat : des collaborateurs démotivés, déçus et, parfois, déjà en quête d’une porte de sortie.
Alors, comment éviter ce piège et transformer cette étape initiale en un levier stratégique pour fidéliser vos talents ? La réponse réside dans une préparation minutieuse et un accueil personnalisé.
« L’objectif, c’est de transformer le premier jour en bien plus qu’une simple formalité. » – Yann Boisseau
Concrètement, cela signifie qu’au lieu de plonger dans un environnement inconnu, le collaborateur doit déjà avoir des repères. Il devrait connaître les membres de son équipe, disposer d’informations pertinentes avant son arrivée et se sentir attendu.
L’objectif ? Que le collaborateur ne se sente pas comme un étranger dans sa nouvelle entreprise, mais plutôt comme un membre à part entière dès le premier jour.
« Le but, c’est que le premier jour ne ressemble pas à un premier jour. » – Yann Boisseau
Pour y parvenir, l’accompagnement doit être complet et soigné : fournir des documents internes, partager des vidéos de présentation, attribuer un mentor pour les premiers pas, ou encore s’assurer que le nom du collaborateur est correctement orthographié sur les badges et documents officiels.
Ces détails, qui peuvent sembler insignifiants, jouent un rôle crucial dans l’instauration d’un climat de confiance et de sérénité dès le départ.
En prenant soin de cette étape cruciale, vous maximisez vos chances de limiter le désengagement précoce et de créer un environnement propice à un engagement durable.
50 % des employés quittent leur poste à cause de problèmes de leadership.
Ce chiffre met en lumière un facteur clé du désengagement : la relation avec le manager. Vous pouvez adorer votre travail, mais si la communication avec votre responsable est défaillante, la motivation s’érode rapidement.
Un mauvais manager, c’est comme un capitaine de bateau qui ne sait pas lire une boussole : l’équipage perd le nord.
Les tensions naissent souvent d’un manque de clarté sur les priorités ou d’un décalage dans les modes de communication. Une surcharge d’e-mails, un manque de contact direct ou des non-dits peuvent rapidement dégrader la relation.
Une approche efficace consiste à clarifier les rôles et les responsabilités, tout en renforçant des compétences comme l’intelligence émotionnelle et la gestion des biais cognitifs.
Pour résoudre ces tensions, il est essentiel de créer des espaces de dialogue. Pas besoin de devenir les meilleurs amis du monde.
« L’objectif n’est pas de dîner ensemble le week-end, mais de se recentrer sur la mission commune. » – Marie Augereau
Ces moments d’échange permettent d’aligner les attentes, de désamorcer les incompréhensions et de raviver l’envie de travailler ensemble sur des projets significatifs.
Enfin, l’approche stoïcienne de Marc Aurèle offre un éclairage inspirant : « Concentrez-vous sur ce qui dépend de vous. »
Plutôt que de ruminer les comportements du manager, les collaborateurs peuvent se recentrer sur leur propre mission et sur ce qu’ils maîtrisent.
Les RH, quant à eux, jouent un rôle clé en équipant les managers avec des formations en leadership et en intelligence relationnelle.
En somme, une relation manager-collaborateur bien gérée constitue l’une des premières lignes de défense contre le désengagement. Lorsque chacun connaît son rôle et que la communication est fluide, les tensions diminuent et l’engagement reprend sa place, tel un moteur bien huilé.
L’une des causes majeures du désengagement des collaborateurs réside dans cette pensée insidieuse : « Je n’ai pas d’avenir ici. » Ce sentiment, souvent lié à un manque de projection, agit comme un frein à l’engagement. Pourtant, il est possible d’agir en amont pour éviter cette désillusion.
Il s’agit avant tout de créer un véritable dialogue avec les collaborateurs. Comprendre leurs aspirations, analyser leur parcours et écouter leurs ambitions permet de poser les bases d’un échange constructif.
Mais cela ne suffit pas : encore faut-il connaître les opportunités internes, les possibilités de mobilité et les formations disponibles.
Ces éléments sont les outils indispensables pour co-construire un plan d’évolution personnalisé, aligné avec les attentes du collaborateur et les besoins de l’entreprise.
La responsabilisation joue également un rôle clé dans ce processus. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux attentes, mais aussi d’inviter le collaborateur à s’interroger : « Qu’es-tu prêt à faire, à apprendre, à apporter pour atteindre cet objectif ? »
Cet échange favorise un engagement mutuel et donne un sens concret aux efforts de chacun.
Instaurer des temps forts RH réguliers, tels que les entretiens annuels, les revues de personnel ou les discussions sur les plans de formation, est également essentiel. Ces moments permettent aux collaborateurs d’exprimer leurs envies, leurs blocages et leurs idées, tout en leur donnant une visibilité sur les opportunités à long terme.
Enfin, il est important de rappeler que le sens au travail et la projection dans l’avenir sont des leviers fondamentaux de l’engagement. Un collaborateur qui se sent soutenu dans son développement professionnel est bien plus enclin à s’investir pleinement dans ses missions et à contribuer à la réussite collective.
Ainsi, en plaçant les perspectives d’évolution au cœur de la stratégie RH, vous offrez à vos collaborateurs une boussole pour avancer et les ancrez durablement dans une dynamique positive.
La fatigue managériale est un phénomène massif et souvent sous-estimé. Les managers intermédiaires, pris entre les objectifs imposés par la direction et les besoins de leurs équipes, se retrouvent souvent dans une situation où les injonctions sont contradictoires.
Ce stress, non géré, engendre une fatigue mentale et émotionnelle qui peut non seulement conduire à un désengagement du manager lui-même, mais aussi contaminer son équipe. Si le manager est épuisé et démotivé, l’ambiance au sein de son équipe en sera inévitablement affectée.
« Il y a un vrai tabou autour du stress managérial. » - Céline Mas
Ce tabou empêche souvent les managers de parler ouvertement de leurs difficultés et de demander de l’aide. Pourtant, le stress non géré a un impact direct sur l’engagement. Il devient donc essentiel de créer un environnement propice à la gestion du stress, afin de prévenir le désengagement des managers et de leurs équipes.
Une première piste est la mise en place de groupes de pairs, où les managers peuvent échanger entre eux et partager leurs difficultés.
Ces groupes offrent un espace sécurisé où le stress peut être verbalisé et, ainsi, diminué. Parler de ses difficultés permet de prendre du recul et de remettre en perspective les situations stressantes.
Des outils comme l’échelle de Holmes et Rahe, qui permet de mesurer le niveau de stress, peuvent également aider à mieux comprendre et gérer les tensions.
Le but est de différencier le stress utile, celui qui pousse à l’action et à la performance, de la surcharge paralysante, qui entraîne épuisement et désengagement.
Une autre approche efficace est l’écriture. Tenir un journal régulier permet au manager de poser ses pensées, d’extérioriser ses frustrations et de se décharger mentalement.
Des ateliers de lecture ou d’arpentage, où l’on aborde le stress de manière indirecte, peuvent aussi être des outils précieux pour libérer la parole et dénouer les tensions.
Mais au-delà de l’individuel, il y a une nécessité organisationnelle. Il est essentiel d’accompagner les managers en les formant et en leur fournissant des guides de bonnes pratiques.
Un manager bien soutenu, qui dispose des bons outils et de l’accompagnement nécessaire, sera beaucoup moins sujet au stress et, par conséquent, beaucoup plus engagé dans son rôle.
En résumé, la fatigue managériale est un facteur de désengagement majeur. Prendre soin de ses managers, les écouter et leur fournir des moyens pour gérer leur stress, c’est créer un environnement plus serein et plus propice à l’engagement durable.
Il arrive que certains collaborateurs se sentent comme des poissons hors de l'eau dans leur propre entreprise, ou qu’ils en viennent à douter de la direction prise par la stratégie. Ce désengagement, souvent imperceptible au début, peut devenir un frein majeur à la motivation et à l’implication sur le long terme.
« La culture d’entreprise est plus diffuse qu’on ne le croit. » - Céline Mas
Elle s’instaure souvent de manière informelle, dans les discussions, les pratiques quotidiennes, et la manière dont les valeurs se traduisent au jour le jour. Si un collaborateur n’arrive pas à s’y retrouver, le malaise s’installe rapidement.
Pour éviter ce phénomène de désengagement profond, il est crucial que les collaborateurs aient une vision claire de la culture de l’entreprise, de ses valeurs et de son histoire.
Un bon moyen de faciliter cette immersion est le « culture book ». Cet outil simple mais puissant consiste à formaliser la culture de l’entreprise, en y inscrivant ses valeurs fondamentales, son histoire et sa raison d’être.
Cela permet au collaborateur de savoir où il met les pieds et de comprendre s’il partage ou non les fondements de l’organisation. Ce « manuel de culture » agit comme un guide, une boussole qui oriente le collaborateur tout au long de son parcours.
Mais la culture d'entreprise ne se résume pas à un livre. Elle se vit, se partage, et doit pouvoir évoluer.
Un autre outil original qui peut être mis en place est le « design fiction ». Il s’agit de se projeter dans l’avenir, d’imaginer et de scénariser ce que pourrait être l’entreprise de demain.
Cet exercice permet de construire une vision partagée, d’engager les collaborateurs dans une réflexion collective sur la direction à prendre. Cela peut être une manière ludique et créative d’aborder la stratégie tout en impliquant les collaborateurs dans le processus.
Ces approches permettent non seulement de renforcer la cohésion au sein de l’équipe, mais aussi de désamorcer les tensions liées au manque de sens.
Car, dans un monde où les motivations intrinsèques, la recherche de sens et d'impact sont plus fortes que jamais, un décalage entre les valeurs d’une entreprise et celles de ses collaborateurs peut rapidement devenir un terrain fertile pour le désengagement.
« L’entreprise doit aider les collaborateurs à comprendre la culture, à la vivre, pour éviter le décalage identitaire. » - Céline Mas et Marie Augereau
Cela signifie qu’il est essentiel d’ancrer la culture d’entreprise dans le quotidien des collaborateurs, de la rendre tangible et vivante.
Ainsi, la culture d’entreprise, lorsqu’elle est claire, partagée et vivante, devient un véritable moteur d’engagement.
En lui donnant une place centrale, vous permettez à vos collaborateurs de s’y identifier, d’en devenir des ambassadeurs et, surtout, de ne jamais se sentir étrangers à leur propre environnement de travail.
Si vous souhaitez plus de détails sur les cas concrets, vous pouvez visionner gratuitement le replay de la masterclass « 7 actions concrètes pour faire face au désengagement » juste ici.
Le désengagement n’épargne pas les fonctions RH. Souvent perçues comme les garantes du bien-être des autres, les équipes RH peuvent elles-mêmes se retrouver dans l'ombre, sans reconnaissance, avec un manque de visibilité sur l'impact de leur travail.
Et pourtant, ces collaborateurs jouent un rôle clé dans le succès de l’entreprise. Alors, que faire lorsqu'elles commencent à ressentir le poids du désengagement ?
Certaines personnalités, notamment en RH, ont un besoin vital de reconnaissance. Sans elle, elles risquent de perdre leur motivation, voire de décrocher.
Dans ces moments-là, il est essentiel de ne pas attendre que la reconnaissance vienne d’en haut, mais de la chercher activement là où elle existe. Cela peut être auprès des pairs, des collègues des autres départements ou des bénéficiaires directs des actions RH. Parfois, l'impact des actions RH est immense, mais il reste invisible aux yeux de la hiérarchie. La clé réside dans la capacité à rendre ce travail visible, à le partager.
Pour cela, mettre en place des KPIs (indicateurs de performance) et des enquêtes de satisfaction peut s'avérer très efficace.
Ces outils permettent non seulement de mesurer l’impact des actions menées, mais aussi de valoriser les succès et les résultats obtenus.
Un autre moyen simple mais puissant consiste à rendre transparent le travail accompli, à communiquer sur les résultats et les progrès réalisés. Cela permet de créer un lien entre l'effort fourni et la reconnaissance attendue.
Un autre aspect essentiel est de ne pas hésiter à aller chercher du feedback. Parfois, nous n’osons pas demander un retour sur nos actions, de peur de déranger.
Mais pourquoi ne pas oser poser la question directement au dirigeant ou à un collègue : « Qu’as-tu pensé de tel projet ? » Se positionner en acteur de sa propre reconnaissance est une étape décisive.
Cela permet de briser l’isolement et d'obtenir des retours précieux qui nourrissent à la fois la motivation et la perception de son propre travail.
Enfin, si malgré tous ces efforts, la reconnaissance fait vraiment défaut, il peut être nécessaire de se poser la question d’une réorientation.
Peut-être qu’un autre poste ou un autre contexte, plus propice à la valorisation des actions, serait plus adapté.
En définitive, le désengagement des RH, tout comme celui des collaborateurs, doit être pris au sérieux. Le travail effectué dans l’ombre mérite de sortir de l’anonymat, et les RH doivent être soutenues dans leur quête de reconnaissance, sans attendre des miracles, mais en cultivant les petites victoires qui nourrissent leur engagement.
Le désengagement ne réside pas toujours dans une grande crise ou une décision radicale de partir.
Parfois, il s’installe sournoisement, à force de courir sans cesse, de jongler avec des priorités qui changent tous les jours, et de se retrouver débordé, sans jamais prendre le temps de respirer.
« Souvent, on n’arrive pas à dire non, on empile les tâches. On craint de décevoir, de créer du conflit. » - Céline Mas
Ce phénomène, souvent lié à un sentiment de culpabilité ou de surresponsabilité, peut rapidement devenir un terreau fertile pour le désengagement.
Un des leviers clés pour éviter ce piège est de savoir dire non, une compétence que beaucoup redoutent, mais qui s'avère cruciale pour préserver son énergie.
Il existe la méthode du « oui-non-oui », inspirée des techniques de négociation de William Ury. L’idée est de refuser une demande sans fermer la porte, en réorientant la requête vers une autre solution et en ciblant la priorité. Cela permet de maintenir une communication ouverte tout en évitant de se laisser submerger.
Mais savoir dire non ne suffit pas. Il est également essentiel d’apprendre à prioriser. Tout ne peut pas être urgent ou vital. En identifiant ce qui mérite notre attention immédiate et ce qui peut attendre, on se crée un espace pour souffler et éviter l’épuisement.
Une autre piste intéressante est de se donner l’opportunité de prendre du recul, par exemple à travers des ateliers sur la gestion du stress ou des formations dédiées. Cela permet de briser l’isolement, de partager ses difficultés avec d'autres et de se rappeler que même les plus performants ne sont pas invincibles.
Enfin, il est important de rappeler : « Il y a des réalités physiologiques. »
Le corps humain a ses limites, et lorsqu'on ignore ces signaux d’alerte, c'est souvent le désengagement qui s'installe.
Prévenir l’épuisement en gérant mieux sa charge de travail est une étape essentielle pour éviter que le burn-out ne vienne engloutir l’engagement des collaborateurs.
En réintégrant la notion de bien-être et d’équilibre, on crée les conditions nécessaires pour préserver l’énergie et la motivation de chacun.
Au-delà des remèdes ciblés face à des situations spécifiques, il existe des principes transverses qui, appliqués de manière cohérente, viennent renforcer la résilience globale d’une organisation face au désengagement.
Ces grands axes ne constituent pas une simple addition de bonnes pratiques, mais forment un fil directeur qui traverse l’ensemble du parcours collaborateur.
Ils touchent autant à la communication interne, à la responsabilisation mutuelle, à la prise en compte des singularités individuelles, à la structuration du cycle RH, qu’à l’ancrage de la culture et du sens dans la vie de l’entreprise.
Tout d’abord, la mise en place d’une communication ouverte et sincère est essentielle. Lorsque les collaborateurs disposent d’un espace où formuler leurs questions, exprimer leurs ressentis, voire leurs insatisfactions, ils éprouvent le sentiment d’être reconnus dans leur humanité.
Cet échange doit aller au-delà de la simple remontée d’informations vers la hiérarchie : il s’agit de cultiver une écoute active, de privilégier le retour constructif, et de dépasser l’idée que la parole ne circule que de haut en bas.
Il est également crucial de clarifier la vision et les objectifs communs, afin que chacun comprenne le sens de son travail et voie où ses efforts s’inscrivent dans l’ambition globale. Progressivement, l’entreprise se dote d’un langage commun, de repères partagés, qui diminuent les incompréhensions et favorisent la confiance.
Au-delà de la communication, une dynamique plus profonde doit s’instaurer, visant à responsabiliser les différents acteurs.
Le salarié, par exemple, n’est plus seulement celui qui reçoit des objectifs et des consignes, mais un véritable acteur de son évolution professionnelle.
Cette responsabilisation implique de lui donner les moyens, à travers des outils de formation, de mentorat ou d’auto-évaluation, d’identifier ses forces, ses axes de progrès, et les étapes qu’il souhaite franchir.
Les managers ne sont pas exclus de cette démarche : en élargissant leur rôle de chefs d’orchestre à celui de facilitateurs, ils encouragent la prise d’initiative, la proposition de solutions et l’expérimentation.
Peu à peu, chacun perçoit qu’il a un rôle à jouer non seulement dans ses propres résultats, mais aussi dans la dynamique collective. Le désengagement se trouve alors limité par ce maillage de responsabilités partagées, où les individus se sentent parties prenantes plutôt que simples exécutants.
Pour lutter durablement contre le désengagement, il faut également prendre en compte la diversité des profils, des aspirations et des rythmes de développement.
L’uniformisation des parcours et des approches managériales s’avère contre-productive, car elle ignore les différences de motivation, de besoins et de modes de fonctionnement.
Certains collaborateurs valorisent la reconnaissance, d’autres privilégient la stabilité, la liberté ou le développement de compétences pointues.
Adapter les missions, les formations, l’intensité du suivi managérial ou la fréquence des feedbacks en fonction de ces spécificités permet d’instaurer un climat où chacun se sent compris et soutenu dans sa singularité.
Cette individualisation ne signifie pas un traitement inégalitaire, mais au contraire, une approche plus juste qui donne à chacun les conditions les plus propices à son engagement.
Ces principes ne prennent tout leur sens que s’ils s’intègrent dans un cadre RH cohérent. Il est crucial de ponctuer l’année de moments clés – bilans, entretiens de développement, revues de compétences, consultations régulières – qui créent une forme de rituel et de visibilité.
En alignant harmonieusement recrutement, intégration, formation, mobilité interne et rémunération sur une même vision, l’entreprise montre que chaque initiative n’est pas un acte isolé, mais une pièce d’un puzzle plus vaste.
Cette cohérence évite la dispersion des efforts et la perception d’une bureaucratie RH déconnectée des réalités du terrain. Les collaborateurs comprennent alors que le suivi de leurs aspirations et les ajustements nécessaires ne relèvent pas de la promesse vague, mais d’un cycle structuré, où paroles et actes se rejoignent.
Enfin, redonner une place centrale à la culture et au sens évite que les individus perçoivent leur travail comme une simple accumulation de tâches.
Il ne s’agit pas de se contenter d’afficher des valeurs sur un site internet, mais de les incarner dans la pratique managériale, la reconnaissance des réussites et même dans la façon de surmonter les échecs.
À travers des gestes concrets, comme la célébration régulière des succès collectifs ou la mise en avant de projets porteurs d’impact sociétal, l’entreprise rappelle qu’elle poursuit des objectifs plus larges que le seul gain financier.
Cet ancrage donne de la profondeur au parcours collaborateur, en faisant écho aux aspirations personnelles de chacun. Lorsque l’on sent que son travail contribue à une histoire collective et s’inscrit dans une finalité partagée, le sentiment d’appartenance se renforce, tout comme l’envie de s’engager pleinement.
Chacun de ces principes : communication authentique, responsabilisation, individualisation, cohérence RH et ancrage culturel, participe à la prévention du désengagement en profondeur, et non plus seulement en réaction à une crise ponctuelle.
Pris ensemble, ils dessinent un modèle dans lequel l’expérience collaborateur est pensée comme un ensemble vivant, évolutif et cohérent, au service de relations de travail plus humaines, plus responsables et plus durables.
Le désengagement, bien que multiforme et complexe, n’est pas une fatalité.
Qu’il s’agisse d’un onboarding raté, d’un manager sous pression, d’un manque de reconnaissance ou d’une absence de perspectives, chaque situation cache une opportunité d’action. Les solutions, qu’elles passent par la reconnaissance des émotions, l’apprentissage du « non » ou des approches innovantes comme le design fiction, montrent qu’il existe une multitude de leviers à activer.
L’essentiel est d’accompagner les managers, d’équiper les collaborateurs et de construire un cadre propice à l’échange et à l’évolution.
Chacun a un rôle à jouer : le top management, les RH et les collaborateurs partagent la responsabilité de créer un environnement où engagement et épanouissement vont de pair.
En fin de compte, l’entreprise est un écosystème humain, une micro-société où l’attention, l’écoute et l’innovation sont des investissements essentiels. Si l’on prend le temps de comprendre les aspirations et les freins, si l’on ose réinventer la relation au travail, alors le désengagement devient un signal, non un obstacle, mais une opportunité de réengagement.
C’est tout l’enjeu de cette réflexion : le désengagement n’est pas une impasse, mais une invitation à réinventer et à bâtir un avenir professionnel plus aligné et stimulant.
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Le désengagement au travail se manifeste par une perte d'enthousiasme, de motivation et d'implication chez les collaborateurs. Il résulte souvent d'un manque de reconnaissance, de perspectives d'évolution limitées ou d'une mauvaise gestion des émotions et du stress. Ce phénomène peut avoir un impact négatif sur la productivité, le bien-être et la cohésion d'équipe.
Les types de désengagement incluent le désengagement émotionnel, où l'individu se détache affectivement de son travail, et le désengagement cognitif, où il cesse de s'investir intellectuellement. Il existe aussi le désengagement comportemental, marqué par une baisse de la productivité ou de l'effort. Chaque type peut avoir des impacts significatifs sur la performance et le bien-être au sein de l'entreprise.
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