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La GPEC pour les nuls : Comment gérer les compétences sans s’emmêler les pinceaux ?

Tout savoir sur la GPEC pour les nuls
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Les responsables ressources humaines doivent s’adapter constamment aux mouvements de l’entreprise et de son environnement. Ainsi, votre entreprise doit par exemple actualiser en permanence les compétences de ses salariés. La Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) devient alors un sujet à ne pas manquer. Pourtant, pour beaucoup cet acronyme reste souvent abstrait. Pour vous aider à y voir plus clair, cet article traite des différentes questions liées à la GPEC telle que : Quels impacts pour votre entreprise, quelles incidences sociales ? Quels outils et méthodes pour mettre en place une stratégie efficace ?

La GPEC, rappel des fondamentaux

Pour commencer, une rapide définition

La Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) est un outil de gestion RH essentiel. Il permet à l’entreprise d’anticiper les évolutions socio-économiques, technologiques ou organisationnelles et d’adapter les compétences des salariés pour faire face à ces évolutions.

Il s’agit d’une démarche importante pour la pérennité de l’entreprise. En effet, la GPEC répond à une question majeure : « comment m’assurer d’avoir les bonnes compétences au bon endroit et au bon moment pour déployer ma stratégie et atteindre mes objectifs ? »

Pour fonctionner efficacement, la GPEC doit donc obligatoirement prendre en compte tous les collaborateurs de votre entreprise. L’objectif est de fédérer toutes vos équipes autour de ce projet qui a pour finalité de motiver qui peut conduire à des changements considérables en interne.

salarié qui se questionne à propos de la GPEC
La GPEC, un outil qui éveille une multitude de questions.

La GPEC est-elle obligatoire ?

Bien qu’elle soit recommandée pour toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Cependant, la GPEC n’est pas obligatoire à tous. En effet, seules les entreprises de plus de 300 salariés (et les entreprises ou groupes de dimension communautaire employant au moins 150 salariés en France) sont dans l’obligation de mettre en place une GPEC. Ces entreprises ont le devoir d’engager des négociations à ce sujet au moins tous les 3 ans. De plus, tout salarié est concerné par les mesures mises en place à travers la GPEC.

Pour encourager malgré tout les entreprises de moins de 300 salariés à mettre en place la GPEC au sein de leurs équipes, un dispositif d’appui-conseil et une aide financière de l’État pour élaborer un plan de GPEC ont été mis en place. Ces dispositifs sont accessibles via les OPCO et les montants dépendent des différentes conventions collectives.

Tout savoir sur la GPEC

1. L’origine

La GPEC ne date pas d’hier. Son origine remonte aux années 80. Cet outil a été développé pour amortir le choc social des fermetures programmées des bassins miniers français. Il était question à l’époque de permettre les reconversions professionnelles des mineurs. Aujourd’hui, ce dispositif intervient dans la stratégie des entreprises et des modifications de leurs environnements économique, technologique, social et juridique.

2. Les enjeux de la GPEC

Humains : accompagnement et fidélisation

  • Adapter les emplois aux évolutions de l’environnement et à la stratégie de l’entreprise. En effet, il est important de prendre en considération l’évolution du marché, et des besoins de l’entreprise. La GPEC, en vous permettant de suivre les compétences avec finesse vous permet d’anticiper ces évolutions. Ainsi, vous pourrez répondre plus facilement aux demandes en ayant les bonnes personnes en interne.
  • Trouver de nouveaux leviers de fidélisation pour les collaborateurs de la structure. La fidélisation de vos collaborateurs est tout aussi importante que la fidélisation de vos clients. En effet, plus vos collaborateurs se sentiront engagés, plus ils seront productifs. Dynamiser et motiver les salariés par la valorisation de leurs compétences et par l’accompagnement de leurs projets professionnels est important pour l’entreprise. En effet, cela contribuera à créer un environnement propice à l’apprentissage et à l’expérimentation. De plus, une montée en compétences de certains de vos collaborateurs permet de stimuler et de motiver encore plus.
  • Favoriser la mobilité en interne. Rester au même poste plus de 5 ans, sans changements de responsabilité, ni de missions, nuit beaucoup à l’épanouissement du collaborateur. C’est pourquoi il est important d’écouter les besoins de ses salariés et d’agir en conséquence. Ainsi, avec une analyse fine des compétences et des métiers, il devient plus facile de proposer des mobilités et des mutations à vos équipes
  • Anticiper une problématique interne liée à la pyramide des âges. Il est important de prévenir les éventuels déséquilibres liés aux arrivées de nombreux jeunes salariés. De plus, la pyramide des âges peut aussi générer des conflits intergénérationnels. De ce fait, la GPEC va permettre de mettre en lumière les problèmes de pénurie de main-d’œuvre, d’encadrement, de dynamisme, de compétitivité,…Et les anticipera en trouvant une solution globale en amont.

Économiques

  • Affirmer la valeur ajoutée de l’entreprise sur le marché par l’évolution cohérente des métiers en interne. En effet, mettre en avant le potentiel des collaborateurs présent en interne permet de crédibiliser encore davantage l’image de l’entreprise. Il s’agit ici de mettre en avant l’expertise de la marque grâce à des collaborateurs en perpétuelle montée de compétences.
  • Développer l’activité économique sur le long terme par la sauvegarde d’une compétitivité importante. En effet, se montrer compétitif, à travers ses méthodes, tout comme ses produits/services permet de maintenir son activité.

Organisationnels

  • Assurer une meilleure organisation en interne et valoriser les conditions de travail dans la société. En effet, il est important que chaque salarié trouve sa place dans l’organigramme, tout en bénéficiant d’un encadrement de proximité. La GPEC permet de mieux clarifier l’organisation interne de l’entreprise et de positionner les bonnes ressources aux bons endroits, au bon moment.
  • Faciliter la transmission des savoirs et savoir-faire pour valoriser les compétences clés de l’entreprise. Cela va favoriser les échanges en interne entre différents collaborateurs, ainsi que les managers. En mettent en avant les expertises clés et en favorisant l’échange de connaissances, la GPEC facilite la création de nouvelles synergies, le partage de bonnes pratiques au sein de l’entreprise et la collaboration transversale entre les différentes équipes
différents intervenants pour la mise en place de la GPEC

3. Les acteurs clés dans la mise en place d’une GPEC

À propos de l’acteur qui doit prendre l’initiative de ce projet, c’est l’entreprise.

Un accord de branche ou d’entreprise peut organiser les négociations obligatoires en déterminant les différents éléments : calendrier (au moins une fois tous les 4 ans), périodicité, thèmes et modalités de négociation. S’il n’existe pas un tel accord, la négociation doit avoir lieu tous les 3 ans. Les différents acteurs sont :

  • Les membres de la direction et l’équipe RH

Ces acteurs assurent le pilotage du projet. En effet c’est à eux de suivre le projet, de motiver et d’engager tous les collaborateurs autour de ce sujet.

  • Les managers et responsables de pôles

Quant aux managers, ils sont là pour la partie opérationnelle. C’est-à-dire qu’une fois qu’une stratégie est mise en place, ils ont pour mission de décliner les besoins opérationnels en ressources et de s’assurer du bon déploiement sur le terrain.

  • Les représentants du personnel

Les représentants du personnel sont présents lors de la négociation, donc avant que le projet soit validé. Ils cherchent à déterminer les mesures d’accompagnement à mettre en place.

  • Les collaborateurs

Il est important que les collaborateurs fassent partie intégrante du projet. En effet, la mise en place d’une GPEC est une démarche participative et globale de la structure. Il est donc nécessaire d’inclure toutes les parties prenantes pour ne pas avoir à faire face par la suite à des résistances concernant les évolutions.

4. Les freins au déploiement d’une GPEC

Malheureusement, nous constatons tout de même des freins. Nous en distinguons 3 qui sont récurrents, et assez bloquants lors de la mise en place d’une GPEC.

  • Avoir une vision trop ambitieuse

La plupart du temps, les entreprises, lorsqu’elles souhaitent mettre en place une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences, ont certaines attentes, certains objectifs. Pourtant, cela s’avère être souvent trop ambitieux, et donc difficilement applicable. Le temps manque parfois, et les objectifs ne sont pas assez adaptés aux réels besoins de l’entreprise. En conséquence, le projet n’aboutit pas, ou alors abouti mais n’est pas bénéfique car mal réalisé. Il est alors important de bien étudier ses besoins, et les moyens pour les satisfaire.

  • Désalignement des acteurs

On entend par là, un désaccord entre les différentes parties prenantes du projet. Comme vu ci-dessus, nombreux sont les acteurs, ce qui rend la cohésion plus dure. Les RH, et managers ont parfois tendance à mal s’aligner avec les besoins des collaborateurs, ce qui, par la suite, crée des résistances. Cela est naturel. Il est important de garder en tête que la mise en place d’une GPEC doit être acceptée par tous, tant par les managers que par les collaborateurs. En effet, le but principal est la bonne évolution de tous au sein d’un projet commun.

  • Manque des bons outils

Enfin, le 3e frein, qui survient de manière récurrente est le manque d’outils. Nombreuses sont les entreprises qui se développent, grandissent, mais continuent d’utiliser les mêmes outils qu’avant leur expansion. Par conséquent, un problème se pose : sans outils adéquats les objectifs ne pourront être atteints, la qualité ne suivra pas, et de ce fait, les données recueillies seront difficilement exploitables.

Avoir les bons outils permet de donner un sens aux données, et ainsi de mieux encadrer et gérer les projets. La GPEC demande en effet d’être précis et rigoureux sur l’exploitation des données, pour mieux mesurer les résultats ensuite.

Quelques exemples d’outils à utiliser par les équipes RH :

  • Référentiel d’emplois et de compétences
  • Elaboration de fiches emplois
  • Cartographie des compétences disponibles
  • Identification de passerelles de mobilité
5 étapes pour mettre en place la GPEC

Une mise en place en 5 étapes

1. Cartographier les emplois et les compétences et cadrer le processus de GPEC.

Une fois que les objectifs stratégiques de la GPEC ont été fixés, en lien avec la stratégie globale de l’entreprise, il est important de dresser la liste des postes occupés et le référentiel des compétences disponibles. Faire un état des lieux permet de savoir où l’on se situe et permet de préparer le déploiement opérationnel de la GPEC.

Il est alors important de cadrer les différents éléments :

  • Comment les compétences seront-elles évaluées ? Combien de niveaux comportera la grille d’évaluation ? Qui seront les évaluateurs ? Seront-ils formés ?
  • Comment est formalisé le référentiel ? Comment sont formalisées les fiches de postes ? Ces éléments sont-ils communiqués à tous les collaborateurs ?
  • Cette formalisation se fait-elle en interne ou avec le soutien d’un consultant extérieur ? S’il y a une intervention extérieure, quel est le cahier des charges ?
  • Quels sont les outils utilisés pour la gestion de la GPEC ? Quelle visualisation sera possible ? Comment les compétences seront-elles évaluées ? À quelle fréquence ?
  • Qui sera chargé de piloter le projet de GPEC et quelle latitude est-ce qu’il/elle aura dans l’organisation ?

2. Identifier les écarts entre l’existant et les besoins.

Une fois que la première étape d’état des lieux est terminée, il est temps d’identifier quels sont les écarts entre les besoins de l’entreprise pour atteindre ses objectifs et la situation actuelle. Cette étape primordiale permettra de définir un plan d’actions précis.

Attention, il est indispensable d’avoir collecté une quantité significative de données pour pouvoir mener une étude apportant des résultats fiables et exploitables.

3. Déterminer un plan d’action à court et moyen terme

Une fois que la situation actuelle a été étudiée, la mise en place d’un plan d’action est primordiale. Il est alors important de penser à court et moyen terme, car ce genre de projet ne porte ses fruits que s’il est construit dans la durée. Le plan d’action mis en place doit intégrer différents leviers d’action RH : Evaluation professionnelle, actions de formations, recrutement externe et mobilité interne,…

4. Mettre en place les actions choisies

Une fois que les actions ont été mises en place, il est nécessaire de les déployer. Ainsi les RH ont pour mission de faire connaître à tous ce qui va être mis en place, et superviser le bon déroulement du projet. Il est important que tout le monde accepte, et comprenne ce qui a été choisi. Ainsi, la démarche GPEC pourra être déployée à travers l’entreprise.

La conduite du changement nous apprend qu’il est alors important d’identifier clairement le rôle de chacune des parties prenantes dans le déploiement des actions, mais également de soigner la communication et la sensibilisation de tous les acteurs. Il peut notamment être intéressant de mettre en place des phases “pilotes” pour tester les nouveaux dispositifs puis s’appuyer sur la réussite de ces pilotes pour déployer le plan à plus grande échelle.

5. Mesurer les résultats

Cette étape est tout aussi importante que les autres, analyser les résultats permet de réajuster ce qui n’a pas bien fonctionné, ou au contraire de mettre l’accent sur ce qui a bien fonctionné. Et le KPI à prendre en considération est le retour sur investissement (ROI). Dresser un tableau de résultats en mesurant le ROI reflétera alors la réussite ou non de la mise en place d’une gestion prévisionnelle des ressources humaines.

En définitive, la GPEC n’est pas une affaire simple. Mais avec les bons moyens, la bonne méthode adaptée à votre entreprise et la bonne communication, elle ne peut qu’être bénéfique pour un développement pérenne de vos équipes et de votre activité. Alors n’attendez pas d’y être forcé pour penser à la GPEC, anticipez, et agissez.

De la GPEC à la GEPP

À la suite de la réforme du Code du travail marquée par les Ordonnances Macron de 2017, certains changements ont été mis en place dans le cadre juridique. L’un d’eux concerne le remplacement de la GPEC par la Gestion des Emploi et Parcours Professionnels – également appelée GEPP.

Par rapport à la GPEC, la GEPP ne se limite pas uniquement à anticiper les évolutions futures. En effet, son objectif est de mettre en place une stratégie de l’emploi sur le long terme en accompagnant le changement de façon dynamique. Elle vise à replacer l’humain au cœur de la gestion des ressources humaines.

Voici les principaux changements :

  • Tout d’abord l’intégration de la notion de “parcours professionnel”. La formation professionnelle a été remplacée par la notion de formation continue et n’est plus obligatoire.
  • Ensuite, la reconnaissance de la transition écologique est définie comme un facteur de changement systémique auquel les entreprises doivent s’adapter.
  • Enfin, la périodicité de négociation peut être fixée par les partenaires sociaux à condition de ne pas excéder un délai de 4 ans.

La GEPP reste obligatoire pour les entreprises d’au moins 300 salariés et les entreprises ou groupes de dimension communautaire employant au moins 150 salariés en France. La GPEC ne disparaît pas complètement et reste toutefois favorisée dans certains domaines d’activité.

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